Un cœur brûlant

Militant depuis l'âge de raison, j'ai été élu en 1977 en tant qu'écologiste antinucléaire.
Je n'ignore pas les conséquences à très long terme du stockage des déchets ni les problèmes de sous-traitance de l'industrie atomique. Comment continuer à se battre quand on n'a que les mots ?

Sonia, l'héroïne de ma nouvelle, est une terroriste, c'est indéniable. Mais j'ai voulu en faire une chamane. Grande prêtresse de l'amour, elle devient une divinité vengeresse, une Némésis moderne dont le coeur brûlant se confondra à jamais avec celui de la centrale.

Évoquer les centrales.
Centrales ? Non. Périphériques.
Je préfère le soleil, les bougies. Pour dîner aux chandelles, prendre un bain, prier tout aussi bien.
Et quand je sors dans la nuit noire, je m'aperçois que j'y vois, alors pourquoi égarer les vers luisants ?

J'ai dessiné aux pastels le nucléaire, ses méfaits.
En noir et gris. La radioactivité se mesure en Rem
et moi je pense à la Terre-Mère.

« Un coeur brûlant », le texte de Gérard Bastide, est un appel au discernement.
La violence du désespoir peut s'exprimer crûment dans les livres. J'aime cette manière d'émouvoir, de remuer, d'ébranler. J'avance avec une profonde confiance en cette manière pacifique de se révolter. Puisque ce sont les écrits, les oeuvres et les spectacles qui, malgré tout ce qu'on essaye de nous faire croire, ouvrent la voie.